Tu poses beaucoup de problèmes philosophiques à la fois:
Problème du langage (c’est le problème majeur dans ta question) : Le philosophe Wittgenstein avait très bien expliqué en quoi de nombreux problèmes philosophiques ne viennent que de pièges du langage et n’ont aucune réalité propre. Et tu viens de tomber dans un beau en confondant la carte avec le territoire ! Grosso modo, le mot « chien » n’aboie pas : c’est juste une convention, un concept qui n’a rien à voir avec la réalité de l’animal qui te suit partout avec une queue qui remue. Chien pourrait tout aussi bien dire autre chose : la chose dite n’a peut être rien à dire sur la chose qu’elle désigne et auquel pourtant tu cherche à dire quelque chose ! Et bien, c’est pareil pour tes mots « masse », « moi », etc. En quoi une contraction dans les concepts moi/ nous (grosso modo, l’eternel débat philosophique entre individu/ Société) devrait constituer une contradiction dans la Réalité ? La contraction Moi/nous ne serait –elle pas simplement une contraction virtuellement crée par le langage ??? Pourquoi la réalité (territoire) devrait être divisée parce que les mots qui la décrivent (carte) le sont ??? Ne confond pas la carte avec le territoire ! Pour quelles raisons, parce que le monde tel que nous percevons devant nous semble former un tout indivisible et non-contradictoire, les mots pour le comprendre n’auraient pas le droit de se diviser en concepts opposés ???
Problème philosophique de l’opposition individu/Société qui forme un débat sans fin sur ce qu’est la Société car il y’a une division radicale entre deux courants traditionnels de la philosophie :
-le courant individualiste des Lumières : le Nous -ou Société- n’existe pas ! Seul existent des individus qui s’agrègent pour faire une société : la société est donc la somme des individus ou individualités. Dans ce cas, là il n’y a de pensée collective, ni de collectif, ni d’inconscient collectif. La France n’est qu’une synecdoque (figure de style ou l’on exprime une partie par le tout) : il n’y a que des français !
Ce point de vue est défendu actuellement principalement par la science économique ; plus précisément par le libéralisme économique. La conséquence est que ce sont les individus qui produisent la société dans laquelle ils vivent et non la société qui produit un certain type d’individu : si la société dans laquelle tu vis est raciste, c’est de la faute de l’individu ! S’il y’a du racisme, c’est parce que je suis raciste, et non parce que j’ai été élevé dans une société qui m’a appris à l’être !
-le courant sociologique de Tarde et Durkheim: la société est une entité propre qui existe indépendamment des individus qui la composent selon l’adage de la gestalt « la somme est plus que la somme des parties ». par exemple, tu es un individu composé de cellules, d’ADN , d’eau , de molécules chimiques et pourtant tu possèdes un esprit que l’on ne peut réduire à toute cette chimie !
Idem pour la société. Il existe des phénomènes sociaux qui ne peuvent pas s’expliquer exclusivement comme la somme d’individualités. Par exemple : le suicide. Au niveau de l’individu, on peut sans doute l’expliquer par la tristesse et la dépression. Mais comment expliquer ces vagues de suicides qui touchent telle population à un moment donnée ? Il y’a donc des phénomènes sociaux irréductibles à la somme des individualités.
ces courants semblent irrémédiablement opposés mais la réflexion intuitive te dira sans doute que c’est tout simplement des courants explicatifs de mêmes phénomène vu à des échelles différentes : l’un, le courant individualiste, va du microscope (individu) au macroscope (société) ; l’autre, la socio, va du macroscope(société) au microscope (individu).
Ca parait logique comme ça sauf qu’il y’a un hic : si tel est le cas (distinction simple de l’orientation micro/macro), pourquoi ces courants débouchent sur des conclusions différentes qui n’arrivent plus à se recouper ???? Par exemple, le suicide expliqué par des facteurs individuels peinent à en expliquer les facteurs collectifs de ce même phénomènes !
C’est sans doute là qu’intervient l’épistémologie, la partie de la philosophie qui cherche à savoir comment on construit le savoir. Elle nous montre qu’un même phénomène vu a des échelles différentes s’expliquent différemment (ça, on l’avait compris après tout ce que je t’ai dit !) mais que ces explications ne peuvent pas forcement se recouper ca voir ce phénomène sous un certain angle, cela ne permet plus de le voir sous un autre ! il y’a donc parfois des « cassures » qu’on on passe d’un point de vue à un autre ! :
Moi : au niveau de mon individualité, j’explique mes motivations, mes comportements par des facteurs qui me sont personnels : je suis donc unique dans l’explication que je donne à ma vie, etc. En fait, j’explique ce qui m’arrive par la logique de l’intentionnalité : j’ai fait ça parce que j’avais l’intention de
Le collectif, le nous, s’explique par d’autres facteurs comme un déterminisme social : les mouvements de sociétés, etc.
. En conclusion l’individu et la Société existent toute les deux en même temps dans la Réalité. Le problème est comment articuler les deux ? Comment du « moi », je passe au « nous » et comment de la société, je passe à l’individu ?
Dernière question : suis-je unique. Une individualité par définition est toujours unique ! « Je » est toujours unique ! Déjà, génétiquement, tu es unique. Supposons que tu sois jumeau et bien ; même ton jumeau monozygote n’aura pas la même expression génétique que toi !
Philosophiquement, seul la chose qui dit « Je » en moi ne peux être remis en question ! Je peux, si j’utilisais le démon malin de Descartes, remettre l’existence de tout en question sauf de ce qui dit « je » en moi ! Le fameux cogito « je pense donc je suis ». Qui me que Carter n’est pas le produit de ma propre imagination, qui me dit que le monde existe réellement et que je ne suis pas dans Matrix ? Je peux tout remettre en question sauf le fait que quelque chose d’unique pense que je pense que !
Je ne vais pas m’attarder sur ce point car je suppose que d’autres personnes t’expliqueront assez bien la chose.
Bref, tu n’as pas posé une question mais plusieurs à la fois pour qu’on lit le post que tu as mis apres ta question!
"Ne prenez pas la vie trop au sérieux. De toute façon,vous n'en ressortirez pas vivant!"