« L’école » au sens large (j’englobe donc l’université) ne sert en somme qu’à obtenir un emploi via le sésame que constitue le diplôme...
S’il s’agit d’acquérir une culture, la fréquentation des bibliothèques remplace largement les bancs scolaires ;
S’il s’agit d’apprendre à penser par soi-même ; l’école en est incapable, en parfait outil d’endoctrinement des masses qu’elle est ; comme le préconisait Luc Ferry après les évènements de la Commune. D’où l’impossibilité des étudiants de s’opposer à la montée du libéralisme ; l’esprit de sélection des écoles et universités étant somme tout dans la logique même du dogme dominant ;
S’il s’agit d’apprendre l’émancipation, elle est encore incapable : son principal objectif étant d’apprendre à être jugé via le « contrôle » ; comment peut-elle enseigner à des individus à se concevoir comme « la mesure de toute chose » selon les préceptes d’un Protagoras ?
L’école ne sert qu’à :
-justifier les inégalités sociales : comme par hasard, les enfants « intelligents » de Polytechnique, de l’ENA sont toujours les fils ou filles DE. Elle participe aux fantasmes des dominants de la notion de « méritocratie » qui est le cache sexe du la reproduction sociale..
-mettre des barrières à l’entrée de l’emploi pour protéger les postes intéressants via une sélection drastique qui ne se fait pas aux compétences, mais par l’historicité du candidat. L’objectif est de justifier une inégalité d’accès aux métiers via la notion de diplôme :
-« Désolé, mon gars… vous êtes intéressé par ce métier, vous avez des compétences mais vous n’avez pas pu vous offrir cinq années d’université… Ca va pas être possible ».
Or, pour avoir obtenir 3 diplômes dans trois domaines différents, je sais que les connaissances que j’ai acquises à l’université ne m’ont guère servi dans les postes que j’ai occupé…Et ma flemmardise à longtemps fait basculer la balance du coté de l’employé médiocre…Malgré mes notes universitaires. La preuve que le diplôme ne vaut pas la motivation…
-l’école sert à faire entrer le plus tardivement possible des personnes dans un marché de l’emploi déjà saturée. Malheureusement, il n’est pas question d’autoriser ces personnes à ne rien foutre, il faut qu’ils restent à la disposition du Travail ! Du coup, l’inflation des années d’études permet de réduire les tensions du marché et de créer un prolétariat volontaire et réceptif à prendre la relève…
Malheureusement, la massification du statut d’étudiant et le marasme du marché de l’emploi rendent les études nécessaires et non suffisant à la fois :
a) nécessaire car ne pas avoir obtenu un diplôme rend l’entrée dans la vie professionnelle problématique, les patrons réclament de plus en plus des diplômes pour des postes qui n’ont en strictement pas besoin. Etre caissière demande le bac et vous ne pouvez pas devenir téléconseiller clientèle sans Bac+2, là ou le bon sens dirait qu’un sourire agréable et une diction correcte suffiraient pour cela… l’inflation du diplôme devient aberrant ; Désormais, pour être croupier dans des casinos, il faut un diplôme spécifique !
Ce qui est absurde, c’est que l’inflation des diplômes provoque des frustrations :
-frustration du diplômé qui ne fera pas un travail correspondant à ses « qualifications » (la déclassification du diplôme est hallucinante : environ 30% des diplômés ne travailleront pas pour le domaine pour lequel ils ont fait des études…
-frustration du non diplômé qui, malgré sa motivation, ne peut effectuer un métier pour lequel il se passionne et qu’il pourrait apprendre sur le tard. Par exemple, pour moi, j’aime lire et je me suis dit que je serais bien dans une librairie. Malheureusement, diplômé en sciences, j’ai fait rire les quelques recruteurs des librairies qui ont daigné me rencontrer. Alors que question livres, je les pulvérisais facilement (ils l’ont reconnu mais voila, z’ont des liens avec le DUT métiers du livre et je ne connais…pas le logiciel de gestion des livres ! Comme si je ne pouvais pas l’apprendre en une journée !
b) non suffisant car la massification du diplôme ne fait plus du diplômer le sésame qu’il est sensé être…Il faut un plus pour obtenir ce job et c’est généralement au pire du piston, au mieux du capital social (pas toujours facile de distinguer les deux, d’ailleurs !)
De surcroît, les métiers se renouvelant sans cesse, l’école ne peut prétendre à former à un emploi trop spécifique ; mais à une palette large de métiers (même un BTS mode vise plusieurs qualifications possibles : designer, styliste, couturière, etc.) , d’où le fait qu’elle se vante « d’apprendre à apprendre » et de construire « une tête bien faite » permettant une meilleure adaptation du diplômé à l’entreprise (on rigole quand on sais qu’on nous a jamais appris les techniques de mnémotechnie à l’école !). Evidemment, c’est bidon…
Que penser d’un ado qui partirait de l’ecole à 16 ans ? L’école ne servant qu’à obtenir un emploi (de rêve) ; s’il peut l’obtenir sans le sésame du diplôme, eu égard à la situation actuelle, je lui dirais de tenter sa chance…
ET A UNE SEULE CONDITION : qu’il vise bien sur le boulot de ses rêves !
S’il veut être commercial, mieux vaut qu’il vende dès 16 ans des alarmes que de continuer ses études : il risque d’être un meilleur commercial de cette façon que de faire un quelconque DUT « tech de co »… Idem s’il veut dessiner des BD, monter sa boite selon l’idée qui lui tienne à cœur…
Par contre qu’il sache une chose : c’est VRAIMENT ce boulot qui veut faire et dont il acquérra par passion de réelles compétences…Car sans diplôme, la moindre erreur se payera chère…
"Ne prenez pas la vie trop au sérieux. De toute façon,vous n'en ressortirez pas vivant!"