L'approche et l'intérêt stratégique pour la cybersécurité sont bien différents entre la
France et les
États-Unis. D'un côté, la France semble privilégier les impacts social et économique de la cybercriminalité. Les dispositifs pour traquer les cyberdélinquants sont nombreux. D'un autre côté, les américains sont plus obnubilés par la cybersécurité nationale. Le gouvernement américain se prépare à faire face à des menaces d'attaque d'un autre genre de terrorisme.
Le système informatique américain fait l'objet d'une très grande attention, en particulier depuis l'avènement du président
Barack Obama. Les moyens et les méthodes utilisés dans la préservation de la cybersécurité diffèrent donc entre les deux pays. Pour la France, le plan numérique 2012 présente des mesures préventives et des solutions concrètes. La cybersécurité aura des applications dans la vie de tous les jours. Elle est axée sur la carte nationale d'identité numérique pour les citoyens. Avec une
signature électronique, il s'agit de mettre à la disposition de chacun un outil d'authentification très sécurisé. On peut donc prouver ou contrôler une identité sur Internet mais aussi lors d'un usage officiel dans la vie de tous les jours, dans le domaine médical ou commercial. Dans sa lutte contre toutes les formes de cybercriminalités, la France se donne les moyens de s'attaquer au piratage des réseaux ou des sites web. Les crimes liés à l'utilisation des réseaux sont combattus. Il s'agit entre autres de la lutte contre la
contrefaçon, contre l'incitation à la haine raciale, contre la pédopornographie, contre l'escroquerie...
Aux Etats-Unis, la cybersécurité est considérée comme une affaire d'Etat de laquelle dépendrait toute la nation. On vit quasiment dans la crainte d'une cyber attaque qui mettrait le pays dans le noir et dans le chaos en très peu de temps. La cybersécurité relève de deux domaines: le pouvoir et la guerre. Un président des Etats-Unis n'aura pas le plein pouvoir s'il ne maîtrise pas les réseaux. En tout cas, Barack Obama et les démocrates tentent de donner au numéro un de l'Etat le droit de couper Internet.
Le projet de loi Cybersecurity Act 2009 devrait permettre au président élu la prérogative de décider pour ce qui est des infrastructures et des systèmes critiques. Les réseaux privés pourraient être concernés par une décision prise dans un contexte d'urgence. Un responsable de la cybersécurité travaillera directement sous l'égide de la maison blanche. Ce qui évitera un conflit entre les services chargés de la sécurité. L'ancien monsieur cybersécurité, fondateur du National Cybersecurity Center, a démissionné. Il a été contre le contrôle de son département par l'Agence de la sécurité nationale ou NSA. La guerre cybernétique, les Etats-Unis s'y préparent. Un commandement sera créé afin de coordonner la sécurité des réseaux informatiques militaires. Il s'agit tout aussi bien de défendre le pays que de faire des cyber-offensives. La sécurisation du cyber-espace est une obsession qui suscite la compétition entre les autorités nationales et les agences nationales vouées à la sécurité. Aucune entité n'est en mesure d'assumer seule la mission même si la NSA présente la meilleure expertise en la matière. L'Airforce a aussi des arguments valables.
Fort de ses expertises en guerre électronique et en sécurisation de réseaux, elle avait même proposé de prendre le commandement. Une collaboration entre militaires et fédéraux est également incontournable. En peaufinant sa stratégie et en réglant la guerre des chefs, les américains préparent les petits soldats pour assurer la cybersécurité. Le recrutement est fait selon la compétence dans le domaine de la sécurité informatique. Le gouvernement mise sur la reconversion des anciens pirates pour utiliser positivement leur savoir-faire.
Le secrétaire à la Défense veut tripler le nombre d'experts informatiques formés chaque année pour atteindre les 250 en 2012. Un jeune de 34 ans a été nommé directeur du Système d'information par le président Obama, avec pour mission la supervision des investissements sur les infrastructures, d'une part, la diffusion et la sécurité de l'information, d'autre part. Pour le moment, les différents rapports publics font état de la mauvaise préparation des Etats-Unis en cas d'attaque par le cyberespace. Le nombre d'attaque ou tentative d'intrusion contre les réseaux du gouvernement a été d'environ 5 500 en 2008, soit une hausse de 40% par rapport à 2007. Un chiffre qui pourrait être cent fois plus important puisque ces statistiques officielles sont enregistrées sur seulement 1% des réseaux. Pour défendre les Etats-Unis d'Amérique contre un demi-million d'attaques par an, il faudrait toute une armée.