L'actualité impose encore ces jours-ci des discussions quant aux revenus des producteurs français, et ce n'est pas un phénomène isolé ! Régulièrement, on voit des producteurs vendre devant les caméras fruits et légumes à un prix juste, c'est-à-dire un prix qui permet au producteur de pouvoir rembourser ses investissements et vivre correctement. C'est peut-être simplement ça, la définition du commerce équitable : permettre au producteur (qu'il soit maraîcher ou industriel) de vendre ses produits à un prix « raisonnable ». Cette idée de raison dans l'un des maillons économiques qu'est le commerce, grâce au commerce équitable, recoupe directement l'idée de durabilité du développement qu'on rencontre dans l'idée de développement durable : en effet, il s'agit de réguler une activité humaine que la doctrine capitaliste voulait libre. Dans celle-ci, le marché doit s'auto-réguler en fonction de plusieurs facteurs tels que l'offre et le demande, les prix s'adaptant à ces variations plutôt qu'aux coûts de production, etc. Or, dans le principe du commerce équitable, c'est le coût de production qui devient l'un des acteurs essentiels de la régulation des prix.
Il s'agit ainsi de permettre à la production d'assurer l'éclectisme nécessaire à l'alimentation, par exemple - car il est vrai qu'on parle beaucoup de commerce équitable dans le domaine de l'alimentaire, mais que ce principe fonctionne également dans tous les domaines commerciaux et d'échanges de marchandises.
Ainsi, la promotion du commerce équitable semble aujourd'hui aller de soi, suite à la prise de conscience écologique ; le commerce équitable permet de ne pas entrer dans une production unique à outrance et donc de respecter les cycles écologiques, mais également les sociétés au sein desquels les appareils de production prennent place. Cependant, cette belle idée se trouve aujourd'hui mise en danger par le système qu'elle entendait sinon combattre, au moins modérer. Car si l'on cherche aujourd'hui des produits du commerce équitable dans les rayons de nos supermarchés, on peut s'apercevoir que ceux-ci sont souvent plus chers que les produits classiques. En réalité, le commerce équitable tel qu'il est appliqué par certains labels qui s'en prévalent permet certes de reverser une plus grande partie des profits aux producteurs, mais ce au détriment du consommateur qui lui-même paye plus cher. Alors que le fondement du commerce équitable était de réduire les marges des intermédiaires, son insertion dans la réalité économique a été plus rude. Aujourd'hui, les marges sont souvent identiques, et c'est le consommateur qui finance la hausse des revenus des producteurs par son acte d'achat seul.
L'espérance des altermondialistes qui avaient mis sur le devant de la scène ce nouveau système économique s'amenuise petit à petit devant la récupération du concept de commerce équitable, mais on voit ces derniers temps les premières critiques sur la perversion de celui-ci dans les journaux qui ont par exemple, fait paraître une analyse nuancée d'un des labels les plus connus de commerce équitable. La promotion du commerce équitable n'est donc plus la seule fin à laquelle devront s'atteler ses partisans : il faudra aussi veiller au respect de son idéal !
Et on voit que certains y veillent déjà, ainsi que l'
Oxfam, organisation de promotion du commerce équitable française... Une idée qui risque donc de réussir, en définitive.